Serge Fischer

Serge Fischer
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Biographie
Naissance

Strasbourg (Alsace-Lorraine),
Drapeau de l'Empire allemand Empire allemand
Décès
(à 69 ans)
Strasbourg, Drapeau de la France France
Nom de naissance
Serge Henri FischerVoir et modifier les données sur Wikidata
Pseudonymes
Raoul, MauriceVoir et modifier les données sur Wikidata
Nationalité
Allemand puis Français
Formation
Activité
Conjoint
Paulette Amoudruz
Parentèle
François Amoudruz (beau-frère)
Madeleine Rebérioux (belle-sœur)
Autres informations
A travaillé pour
Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg
Parti politique
Parti communiste français (à partir de )Voir et modifier les données sur Wikidata
Membre de
AFGES
PCF
Front national (Résistance)
Lieu de détention
Distinction
Plaque commémorative

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Serge Fischer, de son nom complet Serge Henri Fischer, né le à Strasbourg où il décède le [1], est un conservateur des bibliothèques français. Nommé à la Bibliothèque nationale et universitaire (BNU) de Strasbourg en , il entre dans la Résistance durant la Seconde Guerre mondiale. Arrêté par la Gestapo à Clermont-Ferrand le [2], il est déporté à Buchenwald dont il réchappe le [3].

Biographie

Serge Fischer naît à Strasbourg, en Alsace-Lorraine allemande, au sein d'une famille de la bourgeoisie protestante originaire de Colmar[4]. Il est le fils de Léon Fischer, ingénieur, et de Fanny Moschkovitch, assistante en ophtalmologie à la faculté de médecine de Strasbourg et issue d'une famille juive de Kherson, située à l'époque dans l'Empire russe[5].

Il effectue sa scolarité primaire à Sainte-Marie-aux-Mines et secondaire à Mulhouse lorsque la région passe sous administration française après la Première Guerre mondiale. Il prépare ensuite les licences de sciences physiques et de mathématiques à la faculté des sciences de l'université de Strasbourg avant d'obtenir le certificat d’études supérieures de mathématiques générales et de chimie générale de l’École supérieure de chimie de Mulhouse en [5].

En le jeune homme adhère au Parti communiste français (PCF) et participe par ailleurs à la fondation de l'Association fédérative générale des étudiants de Strasbourg (AFGES) et du foyer Gallia[4].

Serge Fischer obtient en le diplôme technique de bibliothécaire puis en le diplôme supérieur des bibliothèques. Il est nommé aide de bibliothèque à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg (BNU) en puis bibliothécaire le [6]. Il participe ainsi au déménagement des collections de la BNU vers le Puy-de-Dôme au début de la Seconde guerre mondiale face aux menaces d'invasion de la France par l'Allemagne nazie. À partir de , il est chargé de veiller sur une partie des collections de la BNU et lorsque les Allemands demandent en le retour des ouvrages à Strasbourg, il camoufle une partie des fonds, notamment les documents les plus précieux, pour éviter leur rapatriement en Alsace annexée[3].

Le bibliothécaire s'engage ensuite dans la Résistance sous les pseudonymes de Raoul et de Maurice. En il intègre d'abord le mouvement Combat puis devient durant l'été un des responsables du Front national de lutte pour l’indépendance de la France, lancé le par le PCF[3]. À ce titre, il joue un rôle important dans la résistance locale[7].

En , Raoul Calas charge Serge Fischer de fonder le Front national universitaire pour le Puy-de-Dôme. Il imprime ainsi des fausses cartes d'identité, des cartes d'alimentation et des tracts de la Résistance dont il organise la distribution, notamment aux étudiants alsaciens et lorrains repliés à Clermont-Ferrand avec l'université de Strasbourg. Il redirige les personnes qu'il juge dignes de confiance pour qu'elles s'engagent dans le maquis. Il organise de plus la liaison du Front national avec d'autres mouvements de résistance tels Combat, Franc-Tireur, Libération et l’Armée secrète[3].

Salle de lecture de la bibliothèque Lafayette de Clermont-Ferrand où Serge Fischer a été arrêté en .

Sur dénonciation de Georges Mathieu, étudiant collaborationniste, les forces d'occupation arrêtent Serge Fischer le jeudi , peu après 10 heures du matin, dans la salle de lecture de la Bibliothèque universitaire Lafayette de Clermont-Ferrand. Torturé par Paul Blumenkamp, chef du Sipo-SD de Clermont-Ferrand[2], le bibliothécaire ne parle pas. Il est déporté le vers le camp de concentration de Buchenwald où il continue de conduire des actions de résistance[8].

Plaque commémorative dans l'actuelle bibliothèque universitaire des Lettres et Sciences humaines (site Lafayette) de Clermont-Ferrand.

Libéré le , il regagne dans des conditions difficiles la France libérée. Brisé physiquement et ayant vieilli prématurément, il rejoint Clermont-Ferrand le [3]. Il reprend son activité professionnelle à la BNU à l’automne . Il est alors chargé d'évaluer les pertes de la bibliothèque durant la guerre, notamment dans les domaines des sciences, de la médecine et des thèses. Le bureau d'études dont il fait partie conclut ainsi dans un rapport de que 309 010 ouvrages ont été détruits ou endommagés pendant la guerre[9].

Serge Fischer est nommé conservateur le et termine sa carrière à la Bibliothèque nationale et universitaire de Strasbourg[7]. Il occupe successivement les postes de responsable de la section des sciences, puis de celles des langues orientales, avant de prendre sa retraite en [3]. Il décède le à Strasbourg à l'âge de 69 ans[4].

Vie privée

Serge Fischer épouse le à Clermont-Ferrand Paulette Amoudruz (-), sœur de François Amoudruz et de Madeleine Rebérioux[10].

Décorations

Notes et références

  1. État civil sur le fichier des personnes décédées en France depuis 1970
  2. a et b Arnold 2011, p. 356.
  3. a b c d e et f Strauss 2011.
  4. a b et c Bibliothèque nationale et universitaire 2011, p. 13.
  5. a et b Strauss 1988.
  6. a et b Didier 2011.
  7. a et b Bibliothèque nationale et universitaire 2011, p. 14.
  8. Hagenmuller, Fischer et Hoepffner 1996, p. 5-8.
  9. Barbier 2015.
  10. Olivier-Utard 2008.

Annexes

Bibliographie

  • Bibliothèque nationale et universitaire, Serge Fischer, 1907-1976, Strasbourg, , 39 p. (ISBN 978-2-85923-039-5)
  • Matthieu Arnold, « La rafle du 25 novembre 1943 », Revue d'Histoire et de Philosophie religieuses, vol. 91, no 3,‎ , p. 353–363 (DOI 10.3406/rhpr.2011.1567, lire en ligne, consulté le )
  • Frédéric Barbier, Bibliothèques Strasbourg : origines - XXIe siècle, [Paris], Éditions des Cendres, , 444 p. (ISBN 978-2-8592-3060-9)
  • Christophe Didier, « Serge Fischer, un ancien conservateur à l’honneur », La Revue de la BNU, no 3,‎ (ISSN 2109-2761 et 2679-6104, DOI 10.4000/rbnu.3029, lire en ligne, consulté le )
  • Christophe Didier et Madeleine Zeller, Métamorphoses : un bâtiment, des collections, Strasbourg, Bibliothèque nationale et universitaire, , 349 p. (ISBN 978-2-8592-3056-2)
  • Paul Hagenmuller, Serge Fischer, Ernest Hoepffner et al., De l'université aux camps de concentration : témoignages strasbourgeois, Paris, Les Belles lettres, , 4e éd. (1re éd. 1947), XI-560 p.
  • Françoise Olivier-Utard, « Fischer Paulette [née Amoudruz Paulette] », sur maitron.fr, (consulté le )
  • Léon Strauss, « Fischer Serge », sur alsace-histoire.org, (consulté le )
  • Léon Strauss, « Fischer Serge [Pseudonyme dans la Résistance : Raoul ou Maurice] », sur maitron.fr, (consulté le )

Articles connexes

Liens externes

  • Ressource relative à la vie publiqueVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • « Maitron »
  • Notice dans un dictionnaire ou une encyclopédie généralisteVoir et modifier les données sur Wikidata :
    • Nouveau dictionnaire de biographie alsacienne
  • Notices d'autoritéVoir et modifier les données sur Wikidata :
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