Bataillons de la jeunesse

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Les Bataillons de la jeunesse sont le nom donné aux groupes de jeunes communistes engagés en France dans la lutte armée contre les troupes d'occupation allemandes entre et le début de l'année 1942. Ils font d'abord partie des trois organisations armées communistes, indépendantes l'une de l'autre jusqu'en , avec l'« Organisation spéciale », et les « groupes spéciaux » de la Main-d'œuvre immigrée (MOI)[1]. Par la suite, chacune des trois est intégrée aux Francs-tireurs et partisans (FTPF)[2], créés en 1942 par le Parti communiste français, chapeautés par un comité militaire dirigé par Charles Tillon et placés sous la direction du Front national fondé par le PCF par un appel publié le dans son quotidien L'Humanité en vue d'un vaste rassemblement patriotique[3] ouvert aux non-communistes pour rallier les différentes composantes de la société française.

Contexte

En , le pacte germano-soviétique est rompu à la suite de l'invasion de l'URSS par les troupes hitlériennes. Le Parti communiste français (PCF), clandestin depuis sa dissolution en , crée une organisation nouvelle : en , il recrute des membres des jeunesses communistes pour former des groupes armés et perpétrer des attentats. Certains ont été engagés dans l'Organisation spéciale, qui regroupent déjà des jeunes, notamment dans le bassin minier du Nord-Pas-de-Calais, d'autres s'en inspirent en formant les rangs d'une nouvelle organisation, les « Bataillons de la jeunesse », terme sur lequel insistent les historiens Franck Liaigre et Roger Bourderon dans le Dictionnaire historique de la Résistance[4], ce qui est confirmé par Franck Liaigre[5].

L'exécution de Samuel Tyszelman, dit « Titi » et de Gautherot va marquer tous leurs copains, jeunes communistes comme eux, qui forment à partir d', les Bataillons de la jeunesse.

Historique

Le , Albert Ouzoulias, qui vient de s'évader d'un camp de prisonniers, est nommé chef de cette organisation naissante, sur les conseils de Danielle Casanova. Il est secondé par Pierre Georges, qui, malgré ses 22 ans, est un vétéran de la guerre d'Espagne et qui sera connu plus tard sous le nom de « Colonel Fabien »[6], mais dont le pseudonyme est alors « Frédo ». C'est lui qui le accomplit le premier attentat reconnu contre un officier allemand, au métro Barbès, en compagnie de Gilbert Brustlein et de Bob Gueusquin.

La plupart des membres des Bataillons de la jeunesse sont très jeunes ; beaucoup ont moins de 20 ans. Ils sont essentiellement implantés en région parisienne où leurs effectifs ne dépassent pas 36 hommes. Ils sont ouvriers, lycéens ou étudiants, et, à quelques exceptions près, inexpérimentés dans le maniement des armes.

La vague d'attentats se déroule jusqu'en à Paris et dans sa région, ainsi que dans plusieurs villes de province. Le [a], Gilbert Brustlein est envoyé en commando à Nantes avec Marcel Bourdarias, 17 ans, et Spartaco Guisco, 30 ans. Le , ils abattent Karl Hotz, le Feldkommandant de la Loire-Inférieure[b], déclenchant l'exécution par fusillade de 48 otages à Châteaubriant, Nantes et Paris[7]. L'attentat de Nantes n'est pas revendiqué par le PCF avant 1950.

Le , ils commettent un attentat au no 101 avenue des Champs-Élysées, siège de l'organisation La force par la joie et du Front allemand du travail.

Les 7 membres des Bataillons de la jeunesse fusillés le .

Pourchassés par les policiers français[8] des brigades spéciales, la plupart des membres des Bataillons sont arrêtés[9], notamment les camarades de Brustlein, domiciliés notamment dans le 11e, ainsi que Marcel Bourdarias et Spartaco Guisco. Du au comparaissent ainsi devant un tribunal militaire allemand siégeant au palais Bourbon sept jeunes communistes appartenant aux Bataillons de la jeunesse. Ils sont fusillés le au Mont-Valérien. Vingt-cinq de leurs camarades seront à leur tour exécutés le après un procès qui se déroule du 7 au à la maison de la Chimie. France Bloch-Sérazin, compagne de Frédo Sérazin, artificière des attentats organisés à partir d', arrêtée le par les brigades spéciales de la police de Vichy, est livrée aux nazis, déportée en Allemagne et décapitée.

Noms de certains membres

Plaque en mémoire de Raymond Tardif et André Aubouet au 156 rue Raymond-Losserand à Paris.
  • André Aubouet, -
  • Georges Bernard - -
  • Marcel Bertone, -
  • Tony Bloncourt, -
  • Marcel Bourdarias, dit « Alain », -
  • Gilbert Brustlein, -
  • Danielle Casanova, née Vincentella Perini, - Auschwitz,
  • Louis Coquillet, dit « René », -
  • Camille Drouvot, -
  • Eusebio Ferrari, -
  • Jean Garreau, -
  • Henri Gautherot, -
  • Pierre Georges dit « Colonel Fabien », -
  • Albert Gueusquin dit « Bob », -
  • Spartaco Guisco, -
  • Roger Hanlet, -
  • Félicien Joly, -
  • André Kirschen, -
  • Bernard Laurent, -
  • Pierre Milan, -
  • Albert Ouzoulias, -
  • Robert Peltier, -
  • Jean Quarré, -
  • Christian Rizo, -
  • Karl Schönhaar, -
  • Acher Semahya, -
  • Frédéric Sérazin, -
  • Raymond Tardif, -
  • Pierre Tirot, -
  • Georges Tondelier, -
  • Maurice Touati, dit « Albert », -
  • Pierre Tourette, -
  • Rene Toyer dit « Pierrot », -
  • Samuel Tyszelman, -
  • Fernand Zalkinow, -

Notes et références

Notes

  1. L'attentat a lieu le à h 40 ; le commando ne peut avoir quitté Paris le jour même.
  2. Ils ne savent pas qu'il s'agit de Hotz, ils ont seulement tiré sur un officier supérieur (en l'occurrence un Oberstleutnant, équivalent de lieutenant-colonel en France).

Références

  1. Pierre Durand, Danielle Casanova. L'indomptable, Editions Messidor, 1990.
  2. « Francs-tireurs et partisans français" (FTPF) », Musées et centres d'archives de la Fondation de la Résistance.
  3. Cécile Denis, Continuités et divergences dans la presse clandestine de résistants allemands et autrichiens en France pendant la Seconde Guerre mondiale : KPD, KPÖ, Revolutionäre Kommunisten et trotskystes, (thèse de doctorat réalisée sous la direction d’Hélène Camarade, soutenue publiquement le 10 décembre 2018 à l’université Bordeaux-Montaigne) (lire en ligne).
  4. Roger Bourderon, notice « Francs-tireurs et partisans français », p. 188-190, in Dictionnaire de la Résistance, cf bibliographie.
  5. Franck Liaigre, notice « Bataillons de la jeunesse », p. 167-168, in Dictionnaire historique de la Résistance, op. cit.
  6. Pierre Durand, Qui a tué Fabien, éditions Messidor, Paris, 1985, p. 107-113 « Métro Barbès ».
  7. Louis Oury, Rue du Roi-Albert (les otages de Nantes, Châteaubriant et Bordeaux), éditions Le Temps des cerises, Pantin, 1997 (ISBN 978-2-84109-094-5).
  8. Franck Liaigre, Le sang des communistes, « La fin des Bataillons », p. 237 et suiv.
  9. Pierre Daix, Les combattants de l'impossible. La tragédie occultée des premiers résistants communistes, éditions Robert Laffont, Paris, 2013 (ISBN 978-2-221-13381-1).

Annexes

Bibliographie

  • Jean-Marc Berlière et Franck Liaigre, Le sang des communistes : les bataillons de la jeunesse dans la lutte armée, automne 1941, Paris, Fayard, coll. « Nouvelles études contemporaines », , 415 p. (ISBN 2-213-61487-3, présentation en ligne), [présentation en ligne].
  • Franck Liaigre, « Bataillons de la jeunesse », dans François Marcot (dir.), Dictionnaire historique de la résistance, Robert Laffont, (ISBN 2-221-09997-4).
  • Albert Ouzoulias, Les Bataillons de la jeunesse, Paris, Éditions sociales, , 495 p. (ISBN 2-209-05372-2) (1re édition 1968).
  • Claude Pennetier, Jean-Pierre Besse, Thomas Pouty, Dephine Leneveu, Les fusillés (1940-1944). Dictionnaire biographique, Éditions de l'Atelier, Ivry, 2015. 1 950 p. (ISBN 978-2-7082-4318-7)

Articles connexes

Organisations

Personnes

Événements

Liens externes

  • Procès du palais Bourbon et de la maison de la Chimie / Bataillons de la jeunesse et Organisation spéciale
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